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dimanche 25 septembre 2011

Des souvenirs d'un autre temps...

Nos vies sont faites d'histoires, d'anecdotes, d'épisodes, de rebondissements et de passages à vide. Prendre une vie et la mener à son terme est une aventure de chaque jour, avec des épreuves, des victoires et des défaites. Pour vivre une vie, il faut de la joie, de l'amitié, de l'amour, du rire et des larmes. Il faut de la patience, de la confiance et du discernement. Pour vivre une vie, il faut de la foi et de l'espoir. Il faut aussi se défendre contre tous ceux qui manquent d'un ou plusieurs des critères précédents.

Pour vivre une vie, il faut surtout de la résilience, pour accepter les claques que la vie nous envoie, accepter que certaines questions restent sans réponse, que trop de ceux qu'on aiment partent sans bruit, toujours trop tôt, et que la souffrance des autres comme notre propre désarroi puissent en venir à nous laisser à bout de souffle, sans repères et sans voix. Il faut du courage pour accepter de continuer.

Il y a tant à célébrer de la vie, mais il y a tant de noirceur aussi, que certains basculent et choisissent de ne pas rester. D'autres n'ont pas l'opportunité de faire ce choix. Quelqu'un d'autre choisit à leur place. De la noirceur, nous sommes victimes ou orphelins.

C'est ici que la résilience vient nous sauver, car bien que les épreuves de la vie nous privent de sens et nous assomment à coups de masse, celle-ci nous apprend, une minute après l'autre, à quel endroit trouver les semences de joie, d'amitié, d'amour, de rires et de larmes. Les graines de patience, de confiance et de discernement. La résilience arrose le tout de foi et d'espoir. Et la vie reprend son cours dans un cycle infini...

Je pense souvent à elle. Elle avait 23 ans et j'en avais 2. D'elle, il ne me reste que de vagues souvenirs qui vont et viennent dans ma mémoire comme un passage de diapositives de mauvaise qualité, et une bague. Pourriez vous croire que cette bague est à mon doigt depuis mes 2 ans? Elle s'est moulée à moi et s'est étirée au fil du temps, jusqu'à devenir tellement mince et usée, que le diamant est tombé et qu'elle ne tenait qu'à un mince fil doré.

J'aime penser que ce cadeau qu'elle m'a fait a été sa façon à elle de m'attacher à son souvenir, de m'attacher à elle-même et de célébrer la personne qu'elle a été. Je n'ai jamais laissé personne l'éloigner de moi, même pas lorsqu'elle est devenue tellement usée et où j'ai écrit à un oncle très cher à la retraite, lui demandant de ressortir ses outils de joaillier, me faisant la grâce de refaire le lien entre elle et moi. Lui seul pouvait faire cela, un étranger n'y aurait pas réussi. Elle m'est revenue par la poste et j'étais inquiète, en la remettant à mon doigt, de savoir si elle serait encore là. Je crois que ça aurait été comme de me demander de refaire mon deuil d'elle, 40 ans après son départ.

Elle est encore là avec moi... Je ne saurai jamais avec certitude si elle a choisi elle-même de s'en aller ou si quelque chose d'autre a choisi pour elle. Mais pour moi, elle n'est jamais vraiment partie.


Où serais-tu aujourd'hui? Nos peines et nos questions demeurent accrochées aux lambeaux de ta douce mémoire. Que s'est-il passé lorsque le vent s'est levé, et que la tempête t'a emportée? Nos plus beaux souvenirs de toi, de nous, ne réussissent pas à te remplacer et nous laissent orphelins de coeur, orphelins de soeur, orphelins de vie...


4 commentaires:

Isapicasso a dit...

Wow... je suis sans voix, émue et remplie de compassion. Quelles belles paroles qui représente bien cette personne qui a tant compté pour toi! Bravo ;)

Julie a dit...

Ton texte est magnifique, tout comme ta page.

Meryjane a dit...

Magnifique ton texte! Tu écrit tellement bien!

Unknown a dit...

superbe et émouvant